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 Jeunesses Transformatives

Nous arrivons à la fin de notre série dédiée à la démarche de R&D sociale 100% Transition dont les 3 années d’expérimentation se clôtureront cet été. Nous la terminons avec une ultime note d’inspiration dédiée au potentiel de transformation de la jeunesse.

Permettre à chaque jeune
de réaliser  son projet de vie
au service du bien commun 

Si la suite de l’histoire est en cours de réflexion pour 100% Transition, il est au moins une certitude : elle ne pourra être que collective. En effet, la nature des défis abordés au sein du programme - transition écologique, inclusion professionnelle, réalisation du projet de vie, éducation et compétences du 21e siècle, contribution citoyenne… - démontre bien comment une démarche de R&D sociale n’a de sens que si elle est menée à plusieurs.

DE LA POLITIQUE DE LA JEUNESSE...
AUX JEUNESSES CONTRIBUTIVES

De la politique de la jeunesse…

Selon l’expression de la sociologue Cécile Van de Velde, la politique de la jeunesse est celle du « devenir adulte ». L’État considère la jeunesse comme une phase de transitions vers un emploi stable, un logement ou encore une situation familiale. Les politiques publiques cherchent ainsi à permettre les meilleures conditions d’entrée dans la vie adulte et peuvent devenir des politiques d'égalité des chances en ciblant l'insertion de ceux dont les transitions seraient moins faciles. Le programme 100% Transition a accompagné des jeunes dits "NEET" (ni en études, ni en emploi, ni en formation), aussi considérés comme "invisibles" car ils sont hors du champ de vision de l'institution.

… Aux jeunesses contributives

Et si derrière cette politique, on entendait « égalité des chances d’accomplir son projet de vie » ? Dès lors, il ne s’agirait plus seulement d'accompagner certains jeunes dans une perspective de réponse aux besoins, aujourd'hui lus comme des problèmes ou des freins (emploi, logement, transport, culture, santé, etc.) mais tous, selon leurs aspirations et leurs potentielles contributions. La jeunesse devient alors l’un des cadres fertiles de solutions du 21ème siècle et il s'agit de faire de la Société le lieu de réalisation des aspirations de chacun. Par ailleurs, les jeunes vivent une période charnière au regard des défis environnementaux et sociétaux et des effets qui en découlent : en première ligne des conséquences du changement climatique, du chômage, de la crise démocratique, etc. Parce qu'il est temps de donner à la jeunesse les moyens de répondre à ses nouvelles craintes et aspirations, nous visons, au sein de 100% Transition, une stratégie de constitution d’alliances capables de lier projets de vie et projet de Société en s’inscrivant dans une dynamique nationale autour de la jeunesse.

18-30 ans

L'âge des nouvelles expériences...
terreau d'expérimentations sociétales

  • Si le passage à 18 ans signe l’entrée dans le monde adulte, il ne signe plus pour autant l'accès à l'autonomie (financière, du logement, etc.) ou à la responsabilité (familiale, professionnelle, etc.), d'où l'émergence de « la génération boomerang », un phénomène mondial de retour au domicile familial, à la fois choisi et aggravé par la précarité.
     

  • À l'instar du service militaire, l'envol du nid familial ou l'obtention du premier emploi constituaient autant de rites de passage signant cette entrée à l'âge adulte. Si ces repères existent toujours mais dans une durée qui s'étire, alors qu'est-il possible de retirer de cette période de flou ? Entre demande de responsabilisation, d'individualisation et conditions de précarisation, que reste-t-il de la place à prendre par les jeunes en tant que collectif agissant ?
     

  • Si la situation économique des ménages se dégrade depuis plus d'une trentaine d'années, la précarité frappe particulièrement les jeunes, à plusieurs niveaux. Au deuxième trimestre 2022, alors que le taux de chômage national est à 7,4%, celui des jeunes (15-24 ans) culmine à 17,8% de la population active. La part des jeunes qui ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation est d'environ 12%, ce qui représente un jeune sur 8 (15-29 ans). Et lorsqu'ils occupent un emploi, les jeunes sont sur-représentés dans l'occupation d'emplois précaires (contrats à durée déterminé, intérim, etc.). Par ailleurs, le sentiment de déclassement entre générations s'éprouve au regard des plus faibles chances que ses parents : à diplôme égal, d'obtenir un emploi à la hauteur des qualifications ou de ses attentes; mais également dans les salaires d'entrée en baisse ou par une sécurité du travail fragilisée. Comme l'écrit Thomas Piketty, aujourd'hui, "il vaut mieux hériter que mériter". Les inégalités à la naissance s'accroissent par rapport aux générations précédentes. Hériter notamment en termes d'immobilier, l'accès à la propriété étant de plus en plus dur pour les jeunes générations et le logement devient le premier frein à l'emploi des jeunes alors que 9 ménages multi-propriétaires sur 10 ont plus de 40 ans.
     

  • Éco-anxieux, déprimés, isolés... À ces quelques chiffres d'emploi et de logement s'ajoutent différents adjectifs servant de plus en plus à qualifier la jeunesse au sortir de l'épidémie de Covid-19 et semblent dépeindre une jeunesse empêchée. S'il n'est pas question de nier les obstacles nouveaux vécus par ces nouvelles générations, nous tentons dans cette note d'explorer leur dépassement au regard de leurs capacités d'exploration et de transformation des cadres qu'elles jugent contraignants.

Créer des conditions favorables pour activer les nouveaux savoirs et compétences du 21è siècle

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18-30 ans
Exploration des possibles

TENSION ENTRE PROJET DE VIE ET PROJET PROFESSIONNEL ? 

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De nombreux discours actuels montrent à quel point la jeunesse serait dans un moment de profonde remise en cause de l'emploi, amenant certains commentateurs à les qualifier de paresseux individualistes et d'autres de précurseurs en quête de sens. Les premiers s'appuient sur différents concepts, voire fantasmes, pour justifier l'apparente insuffisance de leur engagement : "épidémie de flemme", "quiet quitting" ou "grande démission". Il nous paraît cependant simplificateur de voir dans ces micro-phénomènes une expression large et homogène d'abandon du travail, d'abord, parce qu'il est bien ici question d'emploi. Salomé Saqué, qui publie en 2023 "Sois jeunes et tais-toi", écrit qu'il n'y a pas de rupture entre les âges concernant les attentes liées à l'emploi, et que les aspirations sont les mêmes : sécurité, rémunération confortable, sentiment d'utilité et équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle. Par ailleurs, les seconds commentateurs qui dépeignent une jeunesse qui bifurque oublient la surreprésentation des très diplômés parmi les plus engagés sur les enjeux environnementaux. Il semble alors que le dénominateur commun, peut-être visible particulièrement chez les jeunes, est le besoin de trouver du sens dans ses actions et son métier. L'expérience 100% Transition appuie cette idée en explorant le concept de projet de vie : "dès lors qu'ils [les jeunes] sont connectés avec leur projet de vie (et pas seulement leur souhait professionnel), ils s’animent et deviennent sujets et acteurs. Le projet de vie se présente alors comme « la direction qu'une personne prend pour sa propre existence ». 

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Travail et labeur, emploi et contribution...
Défricher ce qui vaut la peine 

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FRANCE TRAVAIL & L'OBJECTIF DE PLEIN EMPLOI  

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Les entités que sont Pôle emploi, Cap emploi et les missions locales viennent se fondre progressivement d'ici 2027 dans un nouveau service public de l'emploi : France Travail. L'idée est ainsi de viser le plein emploi en agglomérant des compétences plus larges. Faire travailler ensemble et en réseau organismes de formation, associations, collectivités et entreprises selon une logique "d'aller vers" les demandeurs d'emploi (au travers de maraudes dans les espaces publics, de porte à porte et d'information sur les réseaux sociaux par exemple) est une des promesse de l'actuel gouvernement. Cette fusion vient rapprocher le travail des ex-missions locales et de Pôle emploi autour des jeunes, notamment dans la mise en oeuvre du Contrat d'Engagement Jeunes (CEJ). Ce contrat, qui prend en quelque sorte la suite de la Garantie Jeunes mais introduit en contrepartie d'une allocation la participation des jeunes à 15 à 20 heures d'activités hebdomadaires. Ce contrat est critiqué sur divers points : flou organisationnel lié à la superposition des tutelles (anciennement Pôle Emploi et Missions locales), insuffisante prise en compte des "freins à l'emploi" (du logement aux questions de confiance en soi), solution court-termiste et passive, etc. 

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IMAGINER FRANCE CONTRIBUTION ? 
 

L'appellation France Travail marque la confusion faite entre le travail, qui inclut activités rémunérées dans le cadre d'un contrat de travail mais également le travail domestique, le bénévolat ou autres formes d'activités qui produisent des services et biens utiles à la collectivité. Les activités d'aidance peuvent en effet être considérées comme du travail utile à la Société, quand bien même elles ne sont aujourd'hui pas valorisées dans un cadre de revenus économiques. Notre actuel référentiel de valeurs ne considère que les activités "rentables", sans excès de vigilance sur leur caractère vertueux, juste ou égalitaire. On pourrait considérer intéressant d'imaginer des modes de rétribution et de valorisation de ces travaux, monétaire ou non, car ils semblent être une piste de réponse à la quête de sens et de contribution des jeunes. Ainsi, alors que la situation actuelle renvoie au paradoxe entre augmentation du temps passé en "activité" hors des cadres professionnels et incapacité à appréhender la valeur créée par ces temps, une des réponses institutionnelles, France Travail, perpétue le primat de réussite donné au projet professionnel. 

14-18 ans et politique
Transformation des cadres

S'inspirer et imaginer des cadres de permission (1/2)

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BESOINS ET POTENTIELS NON PERMIS DE CONTRIBUTION ? 

100% Transition nous amène donc à relativiser les thèses de "grand désengagement" et à mettre l'accent sur l'absence de cadres qui permettent réellement une contribution sociétale et écologique. Ces cadres à imaginer devraient ainsi prendre en compte les obstacles nouveaux (précarité croissante, urgence climatique) et avoir comme finalité de transmettre et valoriser les compétences permettant de les dépasser. Ainsi, comment redéfinir le rôle du citoyen à l'ère de l'anthropocène ? Comment dépasser l'apparente inconciliabilité entre vie professionnelle et vie personnelle, entre emploi et loisirs, entre temps subi et temps choisi, dans l'horizon d'une société de la contribution ? Comment permettre de nouvelles formes de rétribution de la contribution ? Nous présentons ci-après différentes initiatives nourrissant les réflexions autour de cadres de transformation.

RÉTRIBUER L'INVESTISSEMENT SCOLAIRE ?
L'exemple de l'aide éducative d'Etat au Danemark 

Le "Statens Uddannelsesstotte" (SU), système de soutien à l'éducation par l'Etat établi en 1970 au Danemark amène à repenser nos modèles éducatifs, souvent trop orientés vers l'objectif d'employabilité. Il fonctionne sous la forme d'une allocation : 70 tickets mensuels (860 euros brut par mois maximum) à utiliser tout au long de la vie. Les conditions sont de suivre une formation approuvée par l'Agence danoise pour l'enseignement supérieur et la science, d'être assidu (passer les examens) et de ne pas gagner plus de 2 400 euros par mois. Le système prévoit également la possibilité d'emprunter auprès de l'Etat dans la limite de 440 euros par mois, à un taux de 4% durant les études et 1% ensuite (délai de 7 à 15 ans). Ce système généreux permet de donner aux jeunes une place particulière dans la société : se former est alors considéré comme moyen de contribuer à la Société, c'est pourquoi la Société, en retour, "investit" dans ses futurs citoyens.

RÉTRIBUER L'INVESTISSEMENT EXTRA-PROFESSIONNEL ?
L'exemple de la semaine de 4 jours 

Selon des entrées et des finalités très variées, la semaine de 4 jours s'impose comme une piste à explorer pour de plus en plus de salariés et d'employeurs. Difficultés de recrutement, augmentation de la productivité, amélioration de la qualité de vie des travailleurs, place croissante du numérique et disparition d'emplois, perte de sens dans certaines activités professionnelles et "bullshit jobs"... La semaine de 4 jours appelle à une réflexion collective et semble intéressante à expérimenter dans un horizon d'une Société de la contribution. Si nous anticipons l'écueil de l'injonction à la contribution, qui pourrait dériver par exemple sur une conditionnalité accrue d'aides sociales ou le déni de l'intérêt de temps personnels (contemplation, méditation, etc.), nous voyons dans la semaine de 4 jours un terrain d'expression d'une Société de la contribution. Sous des formes et organisations variées, aidance, actions de bénévolat, projets solidaires ou expressions politiques et citoyennes seraient valorisées dans un cadre de permission dédié. Par ailleurs, l'urgence écologique vient appuyer le besoin de temps et de coopération nécessaires à la redirection de nos institutions, structures et représentations. Récemment, une expérimentation au Royaume-Uni a particulièrement porté ses fruits : sur les 61 entreprises y ayant participé, 53 ont fait de ce changement leur nouveau système permanent avec des bénéfices psychiques et physiques considérables.

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S'inspirer et imaginer des cadres de permission (2/2)

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RÉTRIBUER DES PROJETS DE VIE ?

Les exemples du revenu de base et du salaire à vie 

Au-delà des réflexions autour de la semaine de 4 jours, des tenants du revenu universel invitent à considérer de manière plus radicale les possibles de contribution, selon une logique de rémunération des projets de vie. Ils avancent que ce revenu de base permet toute activité (personnelle, collective, associative, éducative...) tout en étant sécurisé sur le plan financier. Bernard Friot, sociologue et économiste, est critique du revenu de base (voir à ce sujet le podcast de Bernard Friot disponible sur France culture "Et pourquoi pas la retraire à 50 ans?"). Ce dernier propose plutôt un salaire à vie : "Concrètement, chacun aurait un grade déterminé par des jurys. Les salaires seraient déterminés en fonction de cette qualification personnelle, entre 1 700 euros et 5 000 euros, avec une moyenne à 2 500 euros. Les projections du Réseau Salariat montrent que c’est parfaitement possible dans l’état actuel de notre produit intérieur brut. Et ça ne suppose pas de continuer à être en prédation, aussi bien vis-à-vis des pays du Sud que du reste du vivant. Il faut distinguer la richesse, c’est-à-dire la somme des biens et services physiques que nous produisons, qui doit évidemment décroître, et la valeur, la somme des valeurs ajoutées dans les entreprises. Cette dernière doit se maintenir, voire augmenter. Il n’y a que le travail vivant qui produise de la valeur ajoutée. Nous allons augmenter sa place, puisque, si l’on veut une agriculture biologique par exemple, il faut infiniment plus de travail vivant qu’aujourd’hui. Il n’y a donc aucune raison que la valeur économique diminue." Bernard Friot invite ainsi à inclure dans nos représentations du travail toute activité non rémunérée (études, travail domestique, engagement associatives, activités personnelles, etc.) et à croire en l'aspiration de chacun à contribuer au bien commun.

PROTÉGER LES INDIVIDUS FACE À L'URGENCE CLIMATIQUE ?

L'exemple de La sécurité sociale de la redirection écologique 

Le groupe Ecologiste-Solidarité et Territoires (GEST) a rédigé un rapport d'information au Sénat : « Protéger et accompagner les individus en construisant la sécurité sociale écologique du XXIe siècle ». La perspective envisagée devrait permettre de faire face collectivement aux risques et prochains chocs environnementaux (avec des conséquences variées, des finances publiques à la santé des individus). Les rédacteurs notent l'urgence de changer de paradigme au sein des politiques publiques afin que l'impact environnemental soit pris en compte dès leur conception, selon des axes de prévention, d'adaptation et de résilience. La sécurité sociale de la redirection est l'une des pistes envisagées pour contrer le "coût de l'inaction".

18-30 ans
Les compétences pour une
société de la contribution

Divergences des projets, convergence d'horizon ?

Il est clair que ces questions nécessitent la tenue d'un débat démocratique afin d'analyser les controverses et modalités d'expérimentations des diverses pistes innovantes que multiplicité d'acteurs investissent déjà.

 

Notre proposition dans le cadre de 100% Transition est d'inviter chacun à se saisir de l'urgence à l'action et de prendre le temps du dialogue et de la coopération afin d'établir un nouveau référentiel de valeurs commun, au service d'une Société de la contribution écologique et sociale.

Les compétences du 21e siècle au service de la transformation

Nous nous inscrivons dans la lignée de mouvements larges, portés aujourd'hui par l'UNESCO ou l'Union Européenne autour des compétences du 21e siècle, transversales ou psycho-sociales. 4 compétences cognitives sont aujourd'hui ciblées majoritairement comme pouvant permettre la résolution de problèmes complexes :
 

  • Créativité

  • Pensée critique

  • Communication

Coopération

​À celles-ci, s'ajoutent différentes compétences de littératie (savoir utiliser les médias, la technologie...) et des compétences dites "life skills" (initiative, sociabilité, leadership...).

Source : Social and emotional skills and to teach them (World Economic Forum, 2016

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www.weforum.org/agenda/2016/03/21st-century-skills-future-jobs-students/

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