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 Du concept à  l'expérimentation

Face à l’ampleur des défis qu'ils doivent relever, comment donner aux jeunes les moyens de s'épanouir et d'agir pour un monde durable ?

Expérimenter pour renforcer la contribution de la jeunesse

Le programme 100% Transition pense et expérimente comment positionner la jeunesse comme actrice centrale de la transition écologique et sociale. Ainsi depuis 2020, plus de 300 jeunes dit «â€¯NEET » (ni en études, ni en formation ni en emploi) ont bénéficié d'un parcours innovant pour les aider à réactiver leur projet de vie et s’inscrire dans une perspective d’insertion socio-professionnelle en lien avec les défis sociaux et écologiques. 

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LE PROJET DE VIE, UNE NOTION CENTRALE 

PENSER LE PROJET DE VIE ET LE PLACER AU COEUR DES ASPRIATIONS PERSONNELLES

Le programme 100% Transition a été déployé sur 8 territoires métropolitains et ultramarin. Il prenait la forme d'un accompagnement de 6 à 9 mois, articulés autour d'un travail de projection personnelle ; d'ateliers d'information et de sensibilisation aux enjeux écologiques et des temps d'activation (stages, rencontres, volontariat...).

Tout au long de l'expérimentation, la remise en avant du projet de vie fut au coeur du concept exploré par 100% Transition. Ce choix a impliqué l'élaboration  d'une ingénierie pédagogique innovante autour de plusieurs critères clés, comme :

  • la notion de projet de vie : si  elle intègre bien l’aspiration professionnelle, l'approche du programme ne s'y limite pas. Ici, le projet de vie s'organise autour de 10 facettes correspondant à autant  de dimensions fondamentales d'épanouissement personnel 

  • L'identification et la valorisation des savoir faire - peu reconnus et mal repérés -  tirés de l’expérience, et formalisés hors du champ scolaire.

  • La création d’un cadre de confiance, convivial, aidant et désinstitutionnalisé où tous les sujets peuvent être abordés, sans tabou ni injonction.

  • La reconnaissance de  "qui je suis et mes aspirations, dans toutes mes dimensions" par les personnes et les tiers (célébration, rites de passage)

LE PROJET DE VIE, UNE NOTION SOUVENT CONFONDUE AVEC LE PROJET PROFESSIONNEL

À ce stade, il demeure trop tôt pour mesurer les effets durables en matière d’inscription professionnelle et sociétale des jeunes accompagnés. En revanche, les premiers résultats de l’expérimentation 100% Transition témoignent de l'importance de la place du projet de vie. Les témoignages et parcours des jeunes accompagnés au sein de 100% Transition éclairent cette réalité : dès lors qu'ils sont connectés avec leur projet de vie (et pas seulement leur souhait professionnel), ils s’animent et deviennent sujets et acteurs. Le projet de vie se présente alors comme « la direction qu'une personne prend pour sa propre existence ».

 

Pourtant, l’appréhension du projet de vie, de la part des institutions notamment, reste marginale au regard du projet professionnel. Ainsi la question « que veux-tu faire dans la vie ?» renvoie souvent à « quel métier veux-tu faire ?». Or notre activité quotidienne et nos sources d’émancipation s’opèrent dans un champ beaucoup plus vaste que celui de l'emploi. Les activités sportives ou culturelles, les loisirs, le temps passé dans les sphères familiale et amicale etc. sont également des cadres de découvertes et d’apprentissages. Ils sont d’autant plus importants qu’ils prennent une place croissante dans nos vies. Alors qu'en 1968, un salarié travaillait en moyenne 1.849 heures en un an, la durée annuelle du travail des salariés est de 1.389 heures un demi-siècle plus tard.

 

La situation actuelle renvoie donc à un paradoxe assez fort. D’une part, nous passons de plus en plus de temps en « activité » voire en « sur-activité » hors des cadres professionnels; d’autre part, nous savons encore mal comment appréhender la valeur créée par ces temps situés en dehors du métier ou directement affectés à la préparation d’une activité professionnelle. Autrement dit, alors que le projet professionnel prend une place de moins en moins grande dans nos projets de vie, nous continuons à juger nos vies principalement à l’aune de la réussite professionnelle.

QUELQUES ÉLÉMENTS D'IMPACTS

RÉUSSIR À SE PROJETER ET AVOIR CONFIANCE EN L'AVENIR 

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Le programme 100% Transition enferme une promesse, celle de permettre à des jeunes de (ré)activer leur projet de vie et de s’inscrire dans une perspective d’insertion socio-professionnelle. La méthodologie déployée au travers d’une ingénierie pédagogique - auprès de jeunes alors ni en emploi, ni en étude, ni en formation - faite d’empathie, d’écoute et de redynamisation, a pour objet de placer la personne en situation d’exprimer ses talents, et de formuler une perspective d’avenir.

 

L’enthousiasme des jeunes ayant participé à la démarche, l’énergie déployée par les équipes et l’engagement des acteurs du consortium sont autant de motifs de satisfaction. Pour autant, cette satisfaction ne doit pas se confondre avec l’objectivation des effets qui se sont réellement produits. La mesure d’impact social, vise justement à disposer d’un regard critique et distancié sur le travail commun mené depuis le lancement de la démarche.

 

Les résultats ci-dessous sont extraits de la mesure d’impact du programme 100% Transition réalisée pour la première itération du programme, qui s'est déroulée sur une période allant de septembre 2020 à août 2021 et portant donc sur l’accompagnement d'une centaine de jeunes.

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ENSEIGNEMENTS ET OUVERTURES

CONCILIER PROJET DE VIE ET PROJET DE SOCIÉTÉ ?

Le poids du projet professionnel - une des composantes du projet de vie - tend de plus en plus à être mis en balance avec son impact sociétal. En témoignent les nombreuses reconversions au travers desquelles des salariés reviennent à des métiers porteurs de sens pour eux, l'engouement pour les métiers de l'artisanat ou encore les « appels à déserter » des carrières d’élite par des étudiants diplômés d’Agro Paris Tech ou de l’ENS en 2022, ou encore précédemment par Centrale, Polytechnique mais aussi le mouvement des Grandes Ecoles pour la Transition ou encore le Manifeste Étudiant pour un Réveil Écologique. Ainsi l'intégration des enjeux écologiques et sociaux au sein du programme 100% Transition participe de cette motivation autour du « projet de société » à construire. Le choix du positionnement du programme sur le sujet ne fut pas sans poser question. Il peut globalement être envisagéde deux façons :

 

  • La première voit dans l’écologie et le social des opportunités d’emplois, et des débouchés professionnels nouveaux, notamment marqués par le développement des filières « vertes »  ou encore celles des métiers du soin. Cette approche revalorise un certain nombre de savoir-faire et de métiers mal reconnus, aux conditions d’exercices difficiles et aux rémunérations limitées à l’image des métiers du soin et de l’accompagnement des personnes âgées par exemple, tout comme ceux des filières de recyclage. C’est cette position qui a guidé l’accompagnement des jeunes en leur faisant découvrir  des actions déjà engagées dans la transition écologique et sociale sur le terrain. Cela a donné des résultats très positifs sur la compréhension, la perception et la prise de conscience de ces enjeux.

 

  • La seconde appréhension est le positionnement des jeunes comme acteurs de transformation des métiers. Il ne s’agit pas tant d’aller vers les métiers « verts » mais plutôt d’apporter une dimension verte et/ou sociale structurante à des métiers classiques ou secteurs d'activité : sociocoiffure, numérique responsable, alimentation bio ou végane, cyclologistique, responsabilité sociétale des entreprises, slow entrepreneuriat... L’intention ici est double : faire basculer des métiers et positionner les jeunes en porteurs de cette transformation, par l’appropriation des pratiques métiers conventionnelles et l’intégration de savoir-faire spécifiques relevant du social et de l’écologie. Cette seconde appréhension  vient également proposer un nouveau modèle plus sobre et horizontal de développement.

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A l'aune des premiers résultats et travaux de R&D, l’ambition collective de 100% Transition s'est ainsi déplacée : le programme travaille aux moyens de rendre plus effective la contribution de la jeunesse, ou plutôt des jeunesses, au bien commun ; qu'elles puissent  être « actrices de transformation » de la redirection écologique et sociale, dans leur vie personnelle et professionnelle et peu importe le métier.

DES LIMITES QUI INTERROGENT 
LE MODÈLE DE SOCIÉTÉ

L'une des difficultés identifiées au cours de l'expérimentation concerne la concrétisation du projet de vie et la caractérisation par les participants et participantes de ce qui relèverait d’un projet de vie en lien, ou non, avec la transition écologique et sociale à l'issue du parcours. Cette difficulté nous renvoie à la nécessité de s'appuyer sur un référentiel qui permettrait d’identifier ce qui relève d’un projet de vie (dans toutes ses facettes) relevant de la transition écologique et sociale ou non.

 

Le programme 100% Transition comporte également un écueil de taille : en favorisant une meilleure conscientisation du projet de vie au cours du programme d’accompagnement et la découverte d’un système parallèle encore marginal relevant de la transition écologique et sociale, 100% Transition contribue à pointer les défauts d'un système qui ne permet pas réellement de s’épanouir ni de contribuer positivement à la société.  Il s’ensuit un risque de désenchantement à la sortie du parcours, faute de pouvoir mettre en place son projet et se sentir confronté aux mêmes impasses.  Les institutions éducatives, scolaires et de la  formation sont structurées autour du projet professionnel (futur ou proche), sans réussir à bien considérer les autres facettes de la vie.

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Nous relevons ainsi l’importance de créer des meilleures conditions à l’accueil et à la préparation du projet de vie en amont des parcours professionnels, ce qui implique de faire « bouger les lignes » au sein de l’Education Nationale notamment. La promesse du programme de 100% Transition ne peut tenir sans une approche systémique. Il s’agit de faire bouger l’écosystème, et d’amener les parties prenantes de la Société à créer les conditions d’épanouissement des projets de vie, au-delà d’une approche restreinte à l’activité professionnelle. En un mot, il s’agit de refonder un cadre sociétal idoine et de s’outiller pour bien appréhender ce qui relève d’un projet de vie connecté à un projet de société écologique et solidaire.

VERS DES ALLIANCES D'ACTEURS

Abordée sous l’angle de l’innovation de rupture, le programme 100% Transition invite à deux efforts :

  • Le premier est de remonter au concept initial et sous-jacent, à savoir le principe moteur qui fonde la démarche. Cela invite à répondre à la question: de quoi 100% Transition est-il le démonstrateur?

  • Le second est d’identifier les acteurs qui partagent la même problématique, participent de la même dynamique, et seraient en capacité d’activer des leviers permettant à 100% transition de « faire système »

 

A la première question, nous posons que 100% Transition participe à la transformation des référentiels de création de valeur au sein de notre Société. En mettant l’accent sur le projet de vie, 100% Transition relève d’un mouvement plus large invitant à voir la valeur (la richesse) de manière différente que la représentation commune. Concrètement, 100% Transition invite à ne pas regarder les jeunes souhaitant travailler dans une banque d’affaire comme plus créateurs de richesse que celles et ceux voulant assister une personne âgée souffrant d’Alzheimer dans ses dernières année de vie. Parce que la modification des référentiels de création de valeurs est au cœur du fonctionnement de la société contributive, c’est bien un renouvellement du Contrat social qui est souhaité.

 

Cette stratégie de changement systémique vient réinterroger le consortium 100% Transition dans sa composition. Parce que cette stratégie vient servir un intérêt général, et intègre des champs de compétences au-delà des savoir-faire et expertises mobilisés par les actuels membres du consortium, elle appelle à des coopérations avec d’autres partenaires, à la fois acteurs publics, entreprises, organisations de l’économie sociale et solidaire, autres mouvements de la société civile, etc. Il s’agit alors de constituer une large alliance d’acteurs disposant d’une volonté commune, non pas seulement de porter un plaidoyer auprès des gouvernants, mais plutôt d’expérimenter et d’agir concrètement sur des modalités d’avancer autrement.

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